La jeunesse de Woluwe-Saint-Lambert, d’Andromède à Mbazi

La jeunesse de Woluwe-Saint-Lambert, d’Andromède à Mbazi

La com­mune de Woluwe-Saint-Lam­bert est très impli­quée dans les pro­jets de soli­da­ri­té inter­na­tio­nale. Jume­lée depuis plus de 50 ans au sec­teur de Mba­zi au Rwan­da, la com­mune croit en la coopé­ra­tion entre les pays et sou­haite sen­si­bi­li­ser ses jeunes à ces thé­ma­tiques. C’est dans cette optique qu’est né le pro­jet « D’Andromède à Mba­zi : du sport à la citoyenneté ». 

 

Ce pro­jet a été ins­pi­ré par des maquettes réa­li­sées par les jeunes du quar­tier d’Andromède, situé à Woluwe-Saint-Lam­bert. Il y a en effet plu­sieurs années, dans le cadre d’activités menées par les ser­vices pré­ven­tion et jeu­nesse de la com­mune, les jeunes ont pu mon­trer ce qu’ils et elles esti­maient être leur quar­tier idéal. Le but était de les faire réflé­chir sur les forces et les fai­blesses de leur cadre de vie. D’elleux-mêmes, les jeunes ont déter­mi­né 4 axes sur les­quels ils et elles sou­hai­taient tra­vailler, à savoir les infra­struc­tures spor­tives et le sport, l’environnement et le déve­lop­pe­ment durable de leur quar­tier, l’embellissement de leur lieu de vie avec ses impli­ca­tions et la place des femmes ain­si que la pro­tec­tion des droits des femmes.

 

Nais­sance du projet

 

A la suite de son suc­cès, l’idée d’élargir le pro­jet a été émise en cher­chant à confron­ter les jeunes avec d’autres réa­li­tés et d’autres cultures à tra­vers le monde. Après plu­sieurs échanges entre les auto­ri­tés locales, les animateur•ices et les jeunes, il est res­sor­ti l’envie de tra­vailler sur le sen­ti­ment réel ou res­sen­ti de l’exclusion à tra­vers une ouver­ture à la soli­da­ri­té internationale.

 

Jume­lée depuis plus de cin­quante ans à Mba­zi, la com­mune a sou­hai­té mettre en avant cette union : « On s’est dit que c’était l’occasion de per­mettre à nos jeunes de par­ti­ci­per à un pro­jet d’é­change avec les jeunes Rwandais·es pour que la citoyen­ne­té ne soit pas que dans le quar­tier ou dans la com­mune mais, aus­si une citoyen­ne­té mon­diale », explique Patrick de Mûe­le­naere, agent de la cel­lule jume­lages et Soli­da­ri­té inter­na­tio­nale au sein du ser­vice des Rela­tions publiques  de la com­mune de Woluwe-Saint-Lambert.

 

C’est grâce à Phi­lippe Jac­que­myns, éche­vin de la Soli­da­ri­té inter­na­tio­nale et Véro­nique Dumou­lin, coor­di­na­trice du pro­jet que ce pro­jet a pu voir le jour. C’est lors d’un dépla­ce­ment dans le cadre d’un congrès de l’AIMF (Asso­cia­tion inter­na­tio­nale des Maires fran­co­phones) que tous les deux ont pu ren­con­trer le maire du dis­trict de Huye au Rwan­da et échan­ger sur les pos­si­bi­li­tés et la réa­li­sa­tion d’un pro­jet de cette ampleur.

 

Un groupe de jeunes désireux·ses d’apprendre

 

Pour mener à bien le pro­jet, il était néces­saire de consti­tuer un groupe de jeunes woluwéen·nes ayant envie de s’impliquer dans cette démarche d’ouverture à la citoyen­ne­té mon­diale. La com­mune n’a pas fait ce choix au hasard : « On a cette convic­tion que les jeunes d’aujourd’hui sont les hommes et femmes de demain. C’est en accom­pa­gnant nos jeunes des quar­tiers qu’on leur per­met de s’intégrer et de vivre à la fois la vie de quar­tier mais aus­si la vie de la com­mune », détaille Patrick de Mûe­le­naere. De plus, en leur don­nant cette place, la com­mune espère faire plus faci­le­ment pas­ser des mes­sages « Les jeunes, ils parlent entre eux, ils parlent avec leur famille, ils parlent avec leurs parents, donc c’est un très bon levier pour pou­voir faire pas­ser des mes­sages », ter­mine l’agent au ser­vice des Rela­tions publiques.

 

La pré­pa­ra­tion requise exige un vrai inves­tis­se­ment, c’est pour­quoi les jeunes n’ont pas été sélectionné•es au hasard. Si au début la com­mune pen­sait faire un appel à can­di­da­ture, cela ne s’est pas avé­ré néces­saire devant la moti­va­tion qu’ont mon­tré les membres du groupe. « Pour réa­li­ser la sélec­tion, on a fait plu­sieurs acti­vi­tés au départ. On a com­men­cé par faire une expo­si­tion dans le quar­tier de pho­tos d’un voyage que ma col­lègue et moi avions fait au Rwan­da pour pré­sen­ter le pays. C’était ouvert à tous les jeunes. Par la suite on a fait une acti­vi­té à l’AfricaMuseum avec notam­ment une visite gui­dée sur les ques­tions déco­lo­niales pour que cha­cun puisse en apprendre davan­tage. Au fur et à mesure des ren­contres, nous avons pu iden­ti­fier les 10 plus moti­vés à entrer dans un par­cours contrai­gnant, deman­dant une pré­sence très régu­lière aux acti­vi­tés, mais indis­pen­sable pour vivre un pro­jet comme celui-ci. », explique Patrick de Mûelenaere.

 

La com­mune de Woluwe-Saint-Lam­bert a aus­si dû faire face à des situa­tions impré­vues, et aux réti­cences et craintes de cer­tains parents, notam­ment pour des jeunes Congolais•es pour les­quels un voyage au Rwan­da ne sem­blait pas évident dans le contexte géo­po­li­tique actuel. « Des jeunes qui étaient là au début ne pou­vaient plus par­tir. Fina­le­ment, ça s’est vrai­ment fait natu­rel­le­ment, et on s’est retrou­vé avec des jeunes qui étaient moti­vés et qui se sont impli­qués tout au long et ce jus­qu’au bout », pré­cise Patrick de Mûelenaere.

 

Tis­ser une confiance mutuelle entre les membres 

 

Pour que le pro­jet fonc­tionne, il fal­lait que les jeunes se fassent confiance entre elleux et fassent confiance aux adultes et notam­ment aux organisateur·ices venant des dif­fé­rents ser­vices de la com­mune. Pour Patrick de Mûe­le­naere, la clé était de gar­der contact avec les jeunes tout au long du pro­jet : « On a créé un groupe What­sApp avec tout le monde pour que chacun·e puisse poser ses ques­tions. On se voyait aus­si tous très régu­liè­re­ment et on se mon­trait très dis­po­nible ». De plus, le par­te­na­riat entre les ser­vices Jeu­nesse, Pré­ven­tion et Rela­tions publiques était un atout majeur : « Dans l’équipe d’encadrant·es, il y avait un ani­ma­teur Jeu­nesse et un édu­ca­teur Pré­ven­tion. Ils sont tout le temps sur le ter­rain et donc ils voient presque tous les jours ces jeunes. Ça a per­mis de leur don­ner confiance en nous, qu’ils et elles voyaient moins sou­vent ».

 

Le sui­vi mis en place par les équipes a non seule­ment per­mis de conti­nuer à moti­ver les jeunes pen­dant toute la pré­pa­ra­tion au voyage mais a aus­si per­mis de ras­su­rer les parents sur ce pro­jet débou­chant sur un voyage au Rwan­da. « On avait besoin de cette rela­tion tri­par­tite pour que le pro­jet se mette en place. L’un des ani­ma­teurs est un ancien du quar­tier et il connais­sait donc les parents, c’était plus facile pour leur par­ler. C’est vrai­ment impor­tant d’avoir un vrai relais », ajoute Patrick de Mûelenaere.

 

Une sen­si­bi­li­sa­tion à la citoyen­ne­té mondiale 

 

Il était impor­tant pour la com­mune d’organiser plu­sieurs ate­liers de sen­si­bi­li­sa­tion pour que les jeunes puissent bien com­prendre tous les enjeux liés au pro­jet « « D’Andromède à Mba­zi : du sport à la citoyen­ne­té ». Au total, il y a eu une acti­vi­té ser­vant à pré­sen­ter tout le pro­jet, treize ate­liers sur les enjeux d’éducation à la citoyen­ne­té mon­diale, quatre acti­vi­tés de créa­tion d’esprit de groupe et trois ren­contres impli­quant la famille des jeunes.

 

Toutes ces acti­vi­tés ont été réa­li­sées en col­la­bo­ra­tion avec les ser­vices Jeu­nesse, Pré­ven­tion, Rela­tion publiques. Des asbl comme ASMAE et Jus­tice et Paix sont éga­le­ment venus en ren­fort pour com­plé­ter les ate­liers. Le sport était un axe impor­tant pour la com­mune, c’est pour­quoi des jour­nées plus infor­melles comme la des­cente de la Lesse en kayak ou une jour­née dans un parc d’attraction ont été pré­vues, en plus d’une jour­née entiè­re­ment dédiée au thème du sport et de la citoyen­ne­té. « On a aus­si pro­fi­té de ces jour­nées spor­tives pour par­ler du fair-play et de la citoyen­ne­té en illus­trant ça par un match de foot. On regarde ce qu’il s’est pas­sé et ensuite on débriefe sur ce qu’il s’est pas­sé », ajoute Patrick de Mûelenaere.

 

Par­mi ces ate­liers, il était essen­tiel d’inclure une jour­née de réflexion autour du devoir de mémoire, du géno­cide rwan­dais et de la colo­ni­sa­tion et déco­lo­ni­sa­tion. Pré­pa­rer les jeunes à cette dure réa­li­té était néces­saire puisqu’une fois sur place, ils et elles allaient devoir y faire face. Après concer­ta­tion avec ses par­te­naires rwan­dais, la com­mune a aus­si fait le choix de « bali­ser les contours des pro­jets soli­daires à mener sur place, dont l’aide à la construc­tion de deux mai­sons pour des familles sans-abris et la plan­ta­tion de deux forêts du jumelage ».

 

De l’autre côté, l’ONG APROJUMAP, le par­te­naire rwan­dais de Woluwe-Saint-Lam­bert qui a pour objec­tif de pro­mou­voir la com­pré­hen­sion mutuelle et la coopé­ra­tion entre les peuples au tra­vers des rela­tions de jume­lage et de réa­li­ser des pro­jets iden­ti­fiés de manière par­ti­ci­pa­tive, a d’abord envi­sa­gé de tra­vailler avec des jeunes étant à l’école secon­daire évo­luant dans une équipe de foot­ball fémi­nine pour déve­lop­per l’axe spor­tif. A cause de contraintes de dis­po­ni­bi­li­té, l’ONG a fina­le­ment choi­si de mobi­li­ser une ving­taine de jeunes ayant reçu une bourse de sco­la­ri­sa­tion dans le cadre de ce jume­lage, tout en gar­dant l’aspect spor­tif du projet.

 

De leur côté, les jeunes rwandais·es ont tra­vaillé sur plu­sieurs pro­jets afin de pou­voir les mener avec les Belges lors de leur voyage soli­daire  au Rwan­da. Ce séjour avait pour but de mettre en lumière les ques­tions liées à la citoyen­ne­té mon­diale et à la Soli­da­ri­té inter­na­tio­nale grâce à des échanges avec les popu­la­tions locales. Les sujets autour des pré­ju­gés, du racisme, de l’égalité homme-femme, de la pro­tec­tion de la faune et la flore, du dérè­gle­ment cli­ma­tique et ses consé­quences sur les popu­la­tions, du devoir de mémoire et de la place du sport dans la construc­tion de la socié­té rwan­daise ont été lar­ge­ment abor­dés pour per­mettre aux jeunes belges d’être sen­si­bi­li­sés à ces ques­tions et d’avoir un regard plus aigui­sé sur l’importance des pro­jets de Soli­da­ri­té internationale.

 

Le sport fai­sant par­tie inté­grante de la manière dont la com­mune mobi­lise ses jeunes et de la culture rwan­daise, il était donc natu­rel que cet axe soit au cœur du pro­jet. Par­tick Mûe­le­naere, agent au ser­vice des Rela­tions publiques explique : « A tra­vers le sport, il y a des valeurs comme le vivre ensemble et le res­pect du fair-play qui sont trans­mises. En plus, on avait la chance sur le ter­ri­toire de Mba­zi d’avoir une équipe fémi­nine de foot qui fait par­tie de la pre­mière ligue rwan­daise. On a orga­ni­sé un match et nos jeunes se sont fait écra­ser, ce qui a mis à mal leurs pre­mières hési­ta­tions sur l’idée de jouer contre des filles ».

 

Ce groupe de jeunes s’est mon­tré très impli­qués et très recon­nais­sants d’avoir eu l’opportunité de vivre un pro­jet d’une telle ampleur. Aujourd’hui encore, ils et elles sou­haitent conti­nuer à s’investir dans d’autres pro­jets comme ceux en rap­port avec les réfugié·es ou le sans-abrisme.

 

 

 

 

 

 

 

soli­daire [Ui1]