Soli​ris​.brus​sels : Une décennie d’engagement pour la solidarité internationale à Bruxelles

Soli​ris​.brus​sels : Une décennie d’engagement pour la solidarité internationale à Bruxelles

Ce qui devien­dra Soli­ris était le réseau régio­nal bruxel­lois de la soli­da­ri­té inter­na­tio­nale (RRBSI). Des ren­contres entre agents communaux·ales en charge de la coopé­ra­tion inter­na­tio­nale, qui cher­chaient à mutua­li­ser leurs res­sources et à ren­for­cer l’impact de leurs pro­jets, ont pro­gres­si­ve­ment jeté les bases d’une pla­te­forme plus struc­tu­rée capable d’assurer la conti­nui­té et l’efficacité des actions menées. Les acteur·ices impliqué·e·s dans cette pre­mière phase de struc­tu­ra­tion sont una­nimes sur le fait que cette période était mar­quée par une volon­té d’aller au-delà d’une simple coordination.

 

L’année 2015 a été déter­mi­nante pour la future pla­te­forme Soli­ris. En effet, la pla­te­forme est le fruit d’un tra­vail de longue haleine visant à dépas­ser les limites du réseau ini­tial. Elle a été pen­sée comme un espace multi-acteur·ices, inté­grant non seule­ment les com­munes bruxel­loises enga­gées dans la soli­da­ri­té inter­na­tio­nale, mais aus­si des conseils consul­ta­tifs de soli­da­ri­té inter­na­tio­nale, des asso­cia­tions, des ONG et des expert·es du sec­teur. Cette réflexion a eu lieu lors de la Semaine Euro­péenne de la Démo­cra­tie Locale (SEDL), un évé­ne­ment annuel visant à pro­mou­voir la par­ti­ci­pa­tion citoyenne et les ini­tia­tives locales en faveur de la démo­cra­tie et des droits humains. Les com­munes pré­sentes étaient Etter­beek, Jette, la Ville de Bruxelles et Saint-Josse-Ten-Noode. Per­ife­ria et Brus­sels Par­ti­ci­pa­tion étaient éga­le­ment impli­qués. Ain­si, l’événement a ser­vi de cata­ly­seur, en ras­sem­blant les coordinateur·ices soli­da­ri­té inter­na­tio­nale des com­munes et faci­li­tant l’implication de nou­veaux par­te­naires, notam­ment des asso­cia­tions et ONG locales. Il a de plus per­mis aux com­munes de pré­sen­ter leurs divers axes de tra­vail et aux asso­cia­tions de pré­sen­ter leurs thé­ma­tiques prio­ri­taires (com­ment se fait la soli­da­ri­té à Bruxelles, com­ment mettre en place un conseil consul­ta­tif, com­ment pas­ser de la soli­da­ri­té nord-sud à la citoyen­ne­té mon­diale, etc.) afin de consti­tuer une base de don­nées exhaus­tive sur la ques­tion de la soli­da­ri­té à Bruxelles. La légi­ti­mi­té de la démarche a été ren­for­cée per­met­tant à Soli­ris de s’inscrire dans une pers­pec­tive plus large de coopé­ra­tion ter­ri­to­riale. D’après Emi­lie De Becker, membre de la cel­lule soli­da­ri­té inter­na­tio­nale de la Ville de Bruxelles et actrice impli­quée dans les pré­mices de Soli­ris : « le pas­sage du réseau à Soli­ris a repré­sen­té une véri­table mon­tée en gamme dans la manière dont les ini­tia­tives de soli­da­ri­té inter­na­tio­nale étaient conçues et mises en œuvre ».

Un modèle hybride pour ras­sem­bler tou·tes les acteur·ices

À par­tir de 2016, l’initiative prend de l’ampleur grâce au Forum Ouvert ani­mé par l’ONG ITECO qui avait pour objec­tif de défi­nir la forme que pren­drait ce réseau régio­nal. En effet, le Forum Ouvert a jus­te­ment été orga­ni­sé pour réunir divers·es acteur·ices de la coopé­ra­tion inter­na­tio­nale locale dans le but de favo­ri­ser l’échange d’idées, d’identifier des syner­gies et de poser les bases d’une col­la­bo­ra­tion multi-acteur·ices. Il a donc joué un rôle déter­mi­nant dans le sens où il a per­mis aux participant·es de faire part de leurs attentes et de mode­ler les pre­mières orien­ta­tions stra­té­giques de la (future) pla­te­forme Soli­ris. D’autres com­munes ont rejoint la démarche de même que Wal­lo­nie Bruxelles Inter­na­tio­nal (WBI). Cepen­dant, la ques­tion de la struc­tu­ra­tion reste déli­cate. Com­ment créer un espace de col­la­bo­ra­tion sans alour­dir les démarches admi­nis­tra­tives ? Après plu­sieurs ten­ta­tives de finan­ce­ment et une suc­ces­sion de coor­di­na­tions, l’idée d’un modèle hybride émerge : un espace flexible per­met­tant aux com­munes, ONG et asso­cia­tions de s’impliquer à dif­fé­rents niveaux selon leurs dis­po­ni­bi­li­tés et prio­ri­tés. Ce modèle est mar­qué par plu­sieurs étapes : l’élargissement du réseau aux asso­cia­tions et ONG pour ren­for­cer l’approche multi-acteur·ices, la mise en place d’une gou­ver­nance plus claire, avec un pilo­tage concer­té entre les diverses par­ties pre­nantes, la défi­ni­tion d’objectifs à long terme, per­met­tant de don­ner une ligne direc­trice aux actions menées et l’obtention de finan­ce­ments plus stables, assu­rant la péren­ni­té de la plateforme.

Soli­ris : une réfé­rence en matière de coopé­ra­tion internationale.

En 2019, Soli­ris est deve­nu un acteur clé de la soli­da­ri­té inter­na­tio­nale à Bruxelles. En effet, il fal­lait créer un espace de tra­vail com­mun pour que les com­munes et asso­cia­tions parlent de leurs thé­ma­tiques res­pec­tives. La démarche s’est maté­ria­li­sée en une véri­table pla­te­forme multi-acteur·ices fédé­rant les efforts des com­munes, de la Région bruxel­loise, des asso­cia­tions, des orga­ni­sa­tions de la dia­spo­ra et des ONG. L’objectif est donc de réunir ces com­munes et asso­cia­tions chaque année. Par consé­quent, les ambi­tions impliquent de fédé­rer les com­munes et asso­cia­tions autour d’une vision com­mune, de mutua­li­ser les res­sources et exper­tises pour maxi­mi­ser l’impact des ini­tia­tives locales et enfin de créer un cadre de col­la­bo­ra­tion pérenne, favo­ri­sant des actions concer­tées et struc­tu­rées. C’est ce qui cor­ro­bore les pro­pos d’Anne-Françoise Nico­lay, coor­di­na­trice des pro­grammes de coopé­ra­tion inter­na­tio­nale à la com­mune de Jette et éga­le­ment impli­quée dans les pré­mices de la pla­te­forme : « Aujourd’hui, nous avons une véri­table dyna­mique col­lec­tive, et cela se res­sent dans la qua­li­té et la por­tée des pro­jets que nous por­tons ». Par ailleurs, l’obtention d’un finan­ce­ment régio­nal cette année-là, a de sur­croît per­mis à Soli­ris de fran­chir une étape clé. Ce sou­tien finan­cier a per­mis de struc­tu­rer davan­tage la pla­te­forme et de pro­fes­sion­na­li­ser la coor­di­na­tion des ini­tia­tives locales. Soli­ris a donc pu grâce à ce sou­tien, élar­gir son réseau de par­te­naires et déve­lop­per des pro­jets concrets de soli­da­ri­té inter­na­tio­nale à l’échelle communale.

Un espace en constante évolution

Aujourd’hui, Soli­ris est capable d’accompagner les ini­tia­tives locales tout en assu­rant une cohé­rence et une com­plé­men­ta­ri­té entre les dif­fé­rents pro­jets por­tés par ses membres. Ses plus grandes réus­sites sont sa dura­bi­li­té et la por­tée des ini­tia­tives des acteurs de la pla­te­forme. De plus, la pre­mière jour­née Soli­ris qui a eu lieu le 17 novembre 2022 au Par­le­ment Bruxel­lois a mar­qué le point d’ancrage des ini­tia­tives de soli­da­ri­té inter­na­tio­nale dans le pay­sage local. En d’autres termes, cette jour­née a maté­ria­li­sé les efforts col­lec­tifs déployés depuis la créa­tion de la pla­te­forme. Elle a offert une visi­bi­li­té accrue aux ini­tia­tives locales de soli­da­ri­té inter­na­tio­nale et a ren­for­cé le sen­ti­ment d’appartenance des differente·s acteur·ices impliqué·es. L’évènement a enfin per­mis de sen­si­bi­li­ser un public plus large et d’asseoir la légi­ti­mi­té de Soli­ris comme pla­te­forme incon­tour­nable de la coopé­ra­tion inter­na­tio­nale locale. Néan­moins, l’impact de Soli­ris sur la soli­da­ri­té inter­na­tio­nale à Bruxelles n’est pas aisé à déter­mi­ner car c’est un sec­teur qui néces­site beau­coup plus de concer­ta­tion mal­gré le fait que Soli­ris soit une oppor­tu­ni­té d’échanger sur cette ques­tion. Aus­si, au niveau com­mu­nal les pres­sions diverses empêchent la consul­ta­tion-concer­ta­tion. Soli­ris doit donc per­mettre aux com­munes d’avoir plus d’opportunités afin qu’elles trouvent des points de conver­gence. Les nouveaux·elles acteur·ices qui sou­hai­te­raient inté­grer la pla­te­forme pour­raient pro­po­ser par exemple un appui ou un ren­for­ce­ment de capa­ci­tés, une visi­bi­li­té dans le cadre de la coor­di­na­tion régio­nale afin que tou·tes les membres s’y retrouvent, ce qui per­met­tra à chaque com­mune d’appliquer les acquis qui en découlent au sein de sa réa­li­té. Enfin, la tran­si­tion du RRBSI vers Soli­ris illustre l’importance de pen­ser la soli­da­ri­té inter­na­tio­nale à une échelle locale, tout en garan­tis­sant un ancrage ins­ti­tu­tion­nel, de favo­ri­ser une approche mul­ti acteur·ices, en impli­quant asso­cia­tions et citoyen·nes et de construire une gou­ver­nance par­ti­ci­pa­tive, assu­rant la péren­ni­té des actions.

 

 

La pla­te­forme Soli­ris conti­nue d’évoluer pour répondre aux défis de la coopé­ra­tion inter­na­tio­nale et aux attentes de ses membres. Son modèle de double coor­di­na­tion per­met d’adapter ses actions aux besoins spé­ci­fiques des com­munes et des asso­cia­tions. Elle s’affirme comme un véri­table levier d’engagement pour une soli­da­ri­té inter­na­tio­nale effi­cace et concer­tée à Bruxelles, pou­vant ins­pi­rer d’autres com­munes qui sou­hai­te­raient struc­tu­rer leurs actions en matière de soli­da­ri­té internationale.