Zoom sur #DiasporaVote !
Retour sur notre entretien avec Céline de #DiasporaVote!. Nous avons parlé de l’association, de son parcours personnel mais également de l’union européenne, l’engagement politique des jeunes et de bien d’autres choses.
« L’organisation s’appelle #DiasporaVote ! parce que c’est ce qu’on fait !»
Une petite organisation avec une grande vision
Depuis 2018, #DiasporaVote ! œuvre à assurer plus de représentation et plus d’inclusion pour les citoyens européens issus de communautés racisées en les aidant à mieux appréhender les politiques et infrastructures européennes. #DiasporaVote ! c’est deux membres mais surtout de nombreux volontaires venus de tous horizon. En effet, les valeurs piliers de l’organisation sont la diversité (même au sein de la diaspora), l’inclusion de la jeunesse, l’action et l’éducation.1
Nous rencontrons Céline, fondatrice de #DiasporaVote!, jeune femme pleine d’énergie et d’idées. Elle nous raconte que l’organisation est née d’une énorme frustration : « Je suis arrivée à Bruxelles en 2014. Pour être honnête, les questions de racisme et de discrimination, moi avant non. (…) Et quand je suis arrivée ici, les choses ont changé car j’ai commencé à faire du bénévolat au niveau des associations de la diaspora parce que je me sentais tellement isolée au niveau des institutions, je me sentais plus seule que seule. Genre la seule noire, tout le temps. Et quand t’es la seule noire, seule femme, seule jeune toutes ces intersections que je représentais moi, c’est difficile parce que t’es forcée de prendre la parole parfois. Tu ne peux pas rester tranquille et relax and enjoy ce qui se passe
… Il faut que tu parles ! »
De là, elle commence à réfléchir à une nouvelle façon d’échanger sur ces thématiques qui aurait plus de succès. La solution a été de donner du pouvoir à la communauté en allant voter. Mais pour que les gens se disent c’est important de voter, il faut qu’on commence à faire attention à eux, à leur parler, à les faire participer, à les consulter. Dès lors, il a été plus évident d’aborder ces questions qui tiennent à cœur d’une partie de l’électorat européen. « L’organisation s’appelle #DiasporaVote ! parce que c’est ce qu’on fait. »
Un des objectifs est aussi de montrer que dans les diasporas il y a des experts : « on n’est pas seulement là pour parler de racisme et de discrimination. On peut nous appeler pour parler du Covid ; Parce qu’on a des experts dans les domaines médical, scientifique etc. C’est ça que j’essaie de faire, valoriser ce que la communauté a. Mais aussi qu’elle apprenne à se valoriser parce que parfois on ne se valorise pas malheureusement. »
D’une première campagne au travail avec les parlementaires
En 2018, #DiasporaVote ! lance sa campagne éponyme en faisant venir 5 belges et 5 français pour une formation. « Pendant la campagne électorale pour les élections européennes : on a fait un appel à candidature et on a identifié des jeunes issus de différents quartiers, milieux, etc. et on les a formés. On les amenés à Bruxelles, ils ont rencontré des parlementaires, ils ont essayé de comprendre un petit peu le fonctionnement [de l’Union Européennes]. (…) Je trouve ça extraordinaire que malgré le peu de fond qu’on avait eu en 2019 tous ces jeunes-là avaient organisé des évènements au niveau nationale. »
L’objectif cétait de former des jeunes et qu’ils parviennent à expliquer l’importance du vote. Pendant la campagne et les événements organisés par les jeunes, des représentants nationaux de la Commission Européenne et du Parlement Européen ont participé. Encore aujourd’hui, ce sont des collaborateurs de #DiasporaVote!. Tout cela a mené à ce que #DiasporaVote ! devienne une organisation à part entière, au-delà de la campagne.
Un autre temps fort de l’organisation a été sans aucun doute le programme Walk with your MEP. Suite à la campagne, il y a eu cette demande de continuer de la part de la diaspora et l’envie de s’étendre de la part de l’organisation. À la suite des élections européennes de 2019, l’effectif du parlement a été renouvelé de 70% et le nombre de personnes racisées élues avait doublé. Le mot d’ordre de ce programme : du concret.
Les jeunes travaillaient avec un parlementaire auquel ils étaient associés sur un dossier législatif concret auquel le parlementaire est rapporteur. Après avoir développé des connaissances sur la thématique et sur le dossier, ils devaient développer des recommandations qu’ils devaient présenter au parlementaire. Après quoi, le parlementaire pouvait décider d’intégrer ou non ces recommandations. Céline nous fait part de sa fierté par rapport à ces jeunes car c’est un programme qui n’est pas facile et qui demande beaucoup de don de soi. Toutes leurs propositions ont été validées par les parlementaires qui ont été agréablement surpris par la qualité du travail fourni et par des pistes de réflexion qu’ils n’avaient pas envisagées. Suite à ce programme, beaucoup de ces jeunes se sont sentis plus légitimes en tant que citoyen européen. Malheureusement par défaut de financement le programme Walk with your MEP ne pourra pas être renouvelé cette année.
“L’idée derrière cette formation faite par les jeunes pour les jeunes était de créer et renforcer des alliés sur les questions de racisme, d’intersectionnalité et de développement.”
Cependant #DiasporaVote ! ne compte pas rester les bras croisés. Pour cette année européenne de la jeunesse, elle souhaite que son atelier “Check your bias : how to become an anti-racism ally” soit donné à des jeunes qui ne sont pas issus de la diaspora. Cet atelier, développé l’an dernier lors du European Youth Event à Strasbourg, a réuni près de 50 jeunes venant de sept pays européens différents. L’idée derrière cette formation faite par les jeunes pour les jeunes était de créer et renforcer des alliés sur les questions de racisme, d’intersectionnalité et de développement.
L’organisation aimerait bien créer des dialogues structurels comme cela a été déjà fait par le passé. #DiasporaVote ! travaille également à étendre son réseau au niveau national à travers les diverses organisations de la diaspora pour principalement mieux faire connaître les institutions européennes qui sont représentées nationalement, qu’elles puissent collaborer, que les institutions les connaissent et que leurs membres prennent plus part au développement des institutions. Ces dialogues structurels permettent également de renforcer les institutions diasporiques en leur offrant un meilleur accès aux financements nationaux.
Et la plateforme Soliris.brussels dans tout ça ?
Nous ne pouvions pas laisser Céline partir sans aborder la vision que #DiasporaVote ! a pour le futur de la plateforme Soliris.Brussels. Etant donné que Soliris.Brussels travaille principalement avec les associations actives en solidarité internationale, Céline envisage un partenariat sur le projet Walk with your MEP par exemple pour les parlementaires travaillant sur des questions liées à la solidarité internationale. Elle propose également de créer un calendrier des appels d’offres avec des temps d’aide à remplir les formulaires pour les personnes intéressées.
Elle aimerait également avoir plus de contact avec d’autres associations pour collaborer sur les mêmes thèmes et sur les problématiques, rendre visible ce que l’organisation fait pour mieux atteindre les gens de la communauté que ça pourrait intéresser. Cela pourrait aboutir au développement de consortiums car certains projets, surtout au niveau européen en ont besoin.
Elle souhaiterait également que Soliris.brussels crée une banque de données de volontaires. Des personnes ressources avec différentes techniques en commerce, en finance, en administration, en ressources humaines, en écriture de projet, etc. Comme cela peut aider à faire en sorte que de manière générale les associations continuent à rouler.
Enfin elle désirerait créer des rencontres entre bailleur de fond et associations avec des fondations comme la Fondation roi Baudoin, des fondations publiques, privées des individus. En faisant cela une fois par an, au mois d’octobre cela permettrait d’aider toutes les associations à avoir un petit budget pour entamer l’année suivante.
1 https://www.diasporavote.eu/
- Ryan Ikalulu-Mfutila